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Meurtre de la prostituée de la gare Matabiau : le procès reporté
Marie-Hélène Sandoval avait été retrouvée poignardée dans un train, au dépôt, en juin 2007.

Le procès de Christophe Bor, accusé d'avoir tué une prostituée toulousaine dans la gare Matabiau le 4 juin 2007, ne s'est pas tenu hier devant les assises de la Haute-Garonne. Il a été repoussé au dernier moment, mardi soir, à la suite d'une surprise de dernière minute : toutes les expertises ADN effectuées sur le corps de Marie-Hélène Sandoval, la victime, n'avaient toujours pas été transmises… De façon concertée, la décision a été prise de renvoyer le procès à une date ultérieure pour que chaque partie prenne connaissance de ces éléments communiqués ces derniers jours.

Meurtre de la prostituée de Matabiau : Ouverture du procès
La cour d'assises de la Haute-Garonne examine encore aujourd'hui le meurtre de Marie-Hélène Sandoval, une prostituée du quartier Bayard, qui avait été retrouvée poignardée de plusieurs coups de couteau dans un train TER au dépôt, à l'arrière de la gare Matabiau, le 5 juin 2007. L'affaire, qui touche au milieu de la prostitution et des SDF, avait fait grand bruit dans le secteur « chaud » de la Ville rose. Prostituée atypique, Marie-Hélène Sandoval, âgée de 43 ans, habitait dans un immeuble de la rue Bertrand-de-Born, face à la gare. Elle était très proche des marginaux du quartier à qui elle fournissait des repas à l'occasion. « Elle discutait facilement avec eux. Je la voyais avec des gens vraiment craignos », observait alors le veilleur de nuit d'un hôtel du bord du canal qui la sentait pourtant « fragile ». « Pour moi, elle représentait un petit oiseau qui sort du nid », résumait un de ses amis de trottoir, un travesti. Grâce à une enquête de voisinage fouillée, la PJ a vite retrouvé la trace du suspect n° 1, Christophe Bor, un SDF âgé aujourd'hui de 30 ans, qui comparaît pour assassinat. Interpellé le 4 août 2007 à Bordeaux, il a reconnu le meurtre mais nie toute préméditation. Peu apprécié alors des autres SDF du quartier, ce marginal, défendu par Mes Martin et Parra-Bruguière, évoque, lui, un coup de colère dû à une crise de jalousie.

(07/05/09)
et
Matabiau. La face cachée de la prostituée assassinée
Enquête. Retrouvée morte poignardée dans un train, à Matabiau, le 5 juin, Marie-Hélène Sandoval vivait à la croisée des milieux de la prostitution et de celui des SDF.

«Elle dépareillait dans le quartier. Toujours bien habillée, très discrète, elle ne ressemblait pas à une prostituée », juge un ancien de la rue Bayard. Qui était Marie-Hélène Sandoval, cette prostituée retrouvée assassinée le 5 juin au matin, dans un train stationné dans l'arrière gare ? « À chaque fois que je la croisais dans le hall d'entrée, je lui disais bonjour. Elle ne répondait jamais », glisse une jeune femme encore intriguée par le silence de cette voisine, qui habitait seule au dernier étage d'un immeuble gris du boulevard Bonrepos, face à la gare.

Prostituée atypique, voisine distante, Marie-Hélène Sandoval, 43 ans, née à Léon, en Espagne, n'était pourtant pas une inconnue pour tout le monde dans le quartier chaud de Toulouse où elle travaillait depuis une dizaine d'années. Marginale, cette brune menue aux traits fins, qui avait conservé un accent, fréquentait et recherchait même le contact des sans-abri et des routards qui hantent les abords de la gare.

Joël - « Jo »- vit, lui, jour et nuit sur la petite place Schuman, rue Bayard. Bien connu des riverains, il voyait Hélène, comme il l'appelle, tous les jours. « C'est une ancienne copine, dit-il ému aux larmes. Depuis que je suis dans la rue, elle m'apportait à manger, on discutait. C'était une fille fantastique. » Une fille qui aidait les SDF, qui adorait aussi s'acheter des fringues. « Bien sûr, elle travaillait», poursuit Jo. Sa clientèle : des habitués. « Ils se garaient sur la place, comme ça on surveillait. Mais elle n'avait pas ses habitudes derrière la gare. Je ne comprends pas ce qu'elle est allée faire là-bas. »

CONTRÔLÉE EN MAI

« Elle discutait facilement avec les marginaux, observe le veilleur de nuit d'un hôtel du boulevard Bonrepos. Je la voyais avec des gens vraiment craignos. Il y avait eu un début de pétition contre elle pour ça. Elle ne les amenait pas chez elle mais elle discutait avec eux devant la porte. »

Autre voisin de trottoir, Olivier, un travesti : « Elle me disait des SDF que c'étaient ses amis. Qu'ils la protégeaient», raconte -il. « Ce n'était pas une occasionnelle, assure-t-il au passage, mais une pro. » Pour attirer le client, Hélène marchait, selon une technique inhabituelle à Toulouse, avec une prédilection pour le boulevard, à proximité de chez elle, entre l'ancien hôtel del'Europe et l'Ibis. C'est là qu'elle a d'ailleurs été contrôlée par la brigade des mœurs le 30 mai, une semaine avant sa mort.

Qu'est-ce qui a conduit cette femme sur le trottoir ? Mariée et divorcée à Toulouse, Marie-Hélène, Rmiste, suivait il y a deux ans une formation dans l'hôtellerie. Même auprès de ses copains de galère, elle ne s'est jamais dévoilée. « Ce n'était pas quelqu'un qui racontait sa vie, poursuit Olivier. Elle posait beaucoup de questions : « Pourquoi tu fais ça ? » Et quand je lui demandais : « Et toi ? » elle répondait : « C'est la vie ». Elle me faisait rire par sa naïveté. Elle savait mener sa barque mais j'avais peur pour elle, elle était craintive, méfiante. Pour moi, elle représentait un petit oiseau qui sort du nid. » Marie-Hélène Sandoval a été enterrée la semaine dernière dans la banlieue toulousaine.

Début de psychose sur le trottoir
La nouvelle de l'assassinat de Marie-Hélène Sandoval a fait le tour du trottoir et une certaine inquiètude régne aujourd'hui chez les prostituées qui se demandent qui a pu assassiner sauvagement leur voisine. Entre les filles de l'Est en coupe réglée, les Africaines, les traditionnelles, le monde de la prostitution comprend des situations très contrastées. Ce meurtre, pour l'instant inexpliqué, vient perturber un ordre toujours précaire. «Quand on va sur le trottoir, on ne sait pas si on va rentrer ou dans quel état. J'ai souvent l'impression d'être comme un veau qui va à l'abattoir», expose Olivier. Ce travesti, qui, le soir, devient Olivia, dénonce un milieu de plus en plus violent. Une situation exacerbée chez les travestis et transexuels qui, marginaux chez les marginaux, ne peuvent en outre se voir en peinture. «Il ya d'abord un forme d'agressivité entre nous, reconnaît le travesti: jalousie physique, manque de travail, arrivée d'une nouvelle...» Autre source de danger: les clients. «Ça, c'est aléatoire. On ne sait pas avec qui on va. On a deux minutes pour juger, après on est dans la voiture. Il faut analyser très rapidement et ce n'est pas toujours écrit sur leur tête. Ça passe ou pas... Marie-Hélène est peut-être tombée sur un fou.» Les prostitué(e)s sont aussi la cible d'autres violences, gratuites ou crapuleuses. «Les racailleux passent à trois ou quatre. Ils cherchent de l'argent ou bien à nous taper pour se défouler.»

«On va face au danger, affirme Olivier. Mais on est bien obligé. Faut qu'on vive. Et la situation est encore plus compliquée pour celles qui sont maquées.»

Une information judiciaire ouverte
Une information judiciaire a été ouverte vendredi auprès du doyen des juges d'instruction Serge Lemoine pour homicide volontaire. La PJ, chargée de l'enquête, poursuit ses investigations. Les enquêteurs ont notamment pris contact avec la police suisse qui cherche à élucider la mort mystérieuse d'une jeune femme retrouvée poignardée dans les toilettes d'un TGV, au dépôt, en gare de Genève, le 31 mai, vers 5 heures du matin. Originaire du Rwanda, étudiante en sciences économiques à Lyon, cette femme âgée de 22 ans, se rendait chez des proches dans le canton de Fribourg. S'ils ont bien communiqué entre eux, les enquêteurs excluent pour l'instant un lien entre les deux affaires. (22/06/07)