Deux Toulousains contraignaient des prostituées bulgares à travailler pour eux, au bord du canal du Midi et en Espagne.

C'est le retour du proxénète « local ». Cette figure traditionnelle du milieu de la prostitution avait plus ou moins disparu avec l'arrivée massive ces dernières années des filles de l'Est. Deux Toulousains, âgés de 23 et 24 ans, interpellés ces derniers jours par la PJ, montrent que cette veine ne s'est pas tout à fait tarie.

Depuis près d'un an, les enquêteurs s'intéressaient à ces deux garçons qui n'étaient pas des inconnus pour eux. Malgré son jeune âge, l'un d'eux avait déjà été condamné il y a quelques années dans une affaire de proxénétisme. Habitués du monde de la nuit, celui du trottoir et non celui des paillettes, ces deux Toulousains auraient, selon l'enquête, détourné à leur bénéfice les réseaux de la prostitution internationale. Par la séduction tout d'abord, puis rapidement par la menace et les coups, ils contraignaient des prostituées bulgares à travailler à leur profit. Depuis plusieurs années et quelques arrestations retentissantes, les proxénètes bulgares ou roumains agissent à distance et ne viennent plus surveiller sur place le travail de leurs proies. Depuis Toulouse, union européenne aidant, c'est même un juge d'instruction et des policiers qui, à deux reprises, sont allés les débusquer chez eux.

Les deux Toulousains sont soupçonnés d'avoir profité de cette absence pour asseoir leur autorité sur plusieurs prostituées, cinq à dix selon les investigations de la PJ. L'un des deux hommes possédait un atout important : une bonne connaissance de la langue bulgare. Mais des compliments aux coups, il n'y avait qu'un pas. « Les filles avaient une peur bleue », lâche un enquêteur.

Les proxénètes présumés sont aussi suspectés d'avoir pourvu les filles en cocaïne, une façon supplémentaire d'affirmer leur ascendant.

Mais cette organisation locale présentait une autre particularité, qui démontre, aux yeux des enquêteurs, que les Toulousains fonctionnaient comme des voyous aguerris. Certaines des filles étaient conduites en Espagne où elles se prostituaient dans les « clubs » proches de la frontière.

Présentés mercredi devant un juge, les deux hommes ont été écroués ainsi qu'une des prostituées, qui avait été conduite à jouer un rôle de lieutenant dans ce réseau.


LIEN : http://www.ladepeche.fr/article/2009...ostituees.html