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Discussion : Littérature & prostitution

  1. #


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    décembre 2009
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    Par défaut Hommage à Manouchian

    A UNE FEMME PUBLIQUE

    Tu es le rejeton d'une société prostituée
    Qui partout ensemence à foison ses graines
    De misère, de dénuement et de paresse,
    Et qui, dans sa gloire, t'a déclarée hors-la-loi.

    Avec tes émois juvéniles aux goûts printaniers
    Sur les tables de la débauche et de la fornication
    Après avoir étanché leur soif
    Avec des boissons bon marché, ils t'ont jeté à la rue.

    Dès lors, source intarissable, tu partages
    La jouissance de ton corps avec l'homme qui, sans amour,
    Te pourchasse de ses passions démentes,
    Et d'autres fois avec les âmes blessées d'amour.

    Ta tendresse généreuse, tu l'as pressée sans ménagement
    Dans toutes les veines pleines de désir de mon corps ;
    Mon âme assoiffée est à présent pleine de toi ;
    Pour le voyageur las que je suis, tu es une oasis.

    Ô sœur d'amour inconnue et impersonnelle,
    Bénies soient tes caresses éperdues et voluptueuses
    Qui, dans mes heures d'affliction m'ont offert
    Le doux vin de la félicité et de l'oubli...

    La cohorte de tous les rêves d'espoir brisés,
    La rancoeur déchaînée par ta souffrance et ton dénuement
    Mûrissent dans mon âme comme une vengeance
    Et je t'aime de mon fraternel amour.

    Missak Manouchian,
    Poète, Résistant, Humaniste.

  2. #


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    décembre 2023
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    vidpovidno do moho libido
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    Bien mieux que les grandes dames, nous recherchons leurs suivantes, nous qui ne trouvons pas de charme aux splendides intrigues. Celles-là ont une peau parfumée, un regard altier, une escorte qui n'est pas sans péril ; celles-ci ont une peau aussi douce, une grâce avenante, une couche accessible ; les dons de la fortune ne leur inspirent pas d'orgueil. J'imite Pyrrhus, le fils d'Achille, qui préféra l'esclave Andromaque à la fière Hermione.

    Mélissa, qu'est devenue cette beauté brillante, admirée, ce grand air qu'on vantait ? Où sont tes fières allures, ton maintien superbe, ces anneaux d'or qui paraient tes pieds ? Maintenant ta tête est chauve ; plus de cheveux ; à tes pieds des savates. Voilà donc comme finissent les fastueuses courtisanes !

    Les baisers d'Europe sont pleins de douceur, quand ils approchent des lèvres, quand ils effleurent la bouche ; mais elle ne les donne pas seulement du bout des lèvres, elle appuie sur la bouche ; et alors c'est l'âme qu'elle aspire jusqu'au bout des ongles.


    J'ai jugé les fesses de trois beautés. D'elles-mêmes m'ayant pris pour arbitre, elles me montrèrent à nu leur corps éblouissant. L'une avait les fesses d'une peau blanche et douce, et l'on y remarquait de petites fossettes, comme sur les joues d'une personne qui rit. L'autre, étendant les jambes, laissa voir une chair aussi blanche que la neige et des couleurs plus vermeilles que des roses. De la troisième la cuisse ressemblait à une mer tranquille, la peau délicate n'offrant que de légères ondulations. Si le berger Pâris avait vu ces fesses, il n'aurait plus voulu voir celles des déesses.

    J'aime tout de toi, moins tes yeux, que je déteste : ils se plaisent à regarder des hommes que je hais.

    Epigrammes de Rufin
    https://remacle.org/bloodwolf/textes/rufin.htm

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  1. #


    esope Guest

    Littérature & prostitution

    Beaucoup de textes sur les putes d'écrivains célèbres sont souvent méconnus ou même ignorés et il y a des chefs-d'oeuvre... faites nous connaitre des écrits qui nous réjouiront !

    Je commence par un très beau... mais je ne dévoile pas le nom de l'auteur !
    Allez essayez de deviner...

    Je savais bien où j'allais, c'était à une maison, dans une rue où souvent j'avais passé pour sentir mon coeur battre ; elle avait des jalousies vertes, on montait trois marches, oh ! je savais cela par coeur, je l'avais regardée bien souvent, m'étant détourné de ma route rien que pour voir les fenêtres fermées. Enfin, après une course qui dura un siècle, j'entrai dans cette rue, je crus suffoquer ; personne ne passait, je m'avançai, je m'avançai ; je sens encore le contact de la porte que je poussai de mon épaule, elle céda ; j'avais eu peur qu'elle ne fût scellée dans la muraille, mais non, elle tourna sur un gond, doucement, sans faire de bruit.
    Je montai un escalier, l'escalier était noir, les marches usées, elles s'agitaient sous mes pieds ; je montais toujours, on n'y voyait pas, j'étais étourdi, personne ne me parlait, je ne respirais plus. Enfin j'entrai dans une chambre, elle me parut grande, cela tenait à l'obscurité qu'il y faisait ; les fenêtres étaient ouvertes, mais de grands rideaux jaunes, tombant jusqu'à terre, arrêtaient le jour, l'appartement était coloré d'un reflet d'or blafard ; au fond et à côté de la fenêtre de droite, une femme était assise. Il fallait qu'elle ne m'eût pas entendu, car elle ne se détourna pas quand j'entrai ; je restai debout sans avancer, occupé à la regarder.
    Elle avait une robe blanche, à manches courtes, elle se tenait le coude appuyé sur le rebord de la fenêtre, une main près de la bouche, et semblait regarder par terre quelque chose de vague et d'indécis ; ses cheveux noirs, lissés et nattés sur les tempes, reluisaient comme l'aile d'un corbeau, sa tête était un peu penchée, quelques petits cheveux de derrière s'échappaient des autres et frisottaient sur son cou, son grand peigne d'or recourbé était couronné de grains de corail rouge.
    Elle jeta un cri quand elle m'aperçut et se leva par un bond. Je me sentis d'abord frappé du regard brillant de ses deux grands yeux ; quand je pus relever mon front, affaissé sous le poids de ce regard, je vis une figure d'une adorable beauté : une même ligne droite partait du sommet de sa tête dans la raie de ses cheveux, passait entre ses grands sourcils arqués, sur son nez aquilin, aux narines palpitantes et relevées comme celles des camées antiques, fendait par le milieu sa lèvre chaude, ombragée d'un duvet bleu, et puis là, le cou, le cou gras, blanc, rond ; à travers son vêtement mince, je voyais la forme de ses seins aller et venir au mouvement de sa respiration, elle se tenait ainsi debout, en face de moi, entourée de la lumière du soleil qui passait à travers le rideau jaune et faisait ressortir davantage ce vêtement blanc et cette tête brune.
    A la fin elle se mit à sourire, presque de pitié et de douceur, et je m'approchai. Je ne sais ce qu'elle s'était mis aux cheveux, mais elle embaumait, et je me sentis le coeur plus mou et plus faible qu'une pêche qui se fond sous la langue. Elle me dit :
    - Qu'avez-vous donc ? venez !
    Et elle alla s'asseoir sur un long canapé recouvert de toile grise, adossé à la muraille ; je m'assis près d'elle, elle me prit la main, la sienne était chaude, nous restâmes longtemps nous regardant sans rien dire.
    Jamais je n'avais vu une femme de si près, toute sa beauté m'entourait, son bras touchait le mien, les plis de sa robe retombaient sur mes jambes, la chaleur de sa hanche m'embrasait, je sentais par ce contact les ondulations de son corps, je contemplais la rondeur de ses épaules et les veines bleues de ses tempes. Elle me dit :
    - Eh bien !
    - Eh bien, repris-je d'un air gai, voulant secouer cette fascination qui m'endormait.
    Mais je m'arrêtai là, j'étais tout entier à la parcourir des yeux. Sans rien dire, elle me passa un bras autour du corps et m'attira sur elle, dans une muette étreinte. Alors je l'entourai de mes deux bras et je collai ma bouche sur son épaule, j'y bus avec délices mon premier baiser d'amour, j'y savourais le long désir de ma jeunesse et la volupté trouvée de tous mes rêves, et puis je me renversais le cou en arrière, pour mieux voir sa figure ; ses yeux brillaient, m'enflammaient, son regard m'enveloppait plus que ses bras, j'étais perdu dans son oeil, et nos doigts se mêlèrent ensemble ; les siens étaient longs, délicats, ils se tournaient dans ma main avec des mouvements vifs et subtils, j'aurais pu les broyer au moindre effort, je les serrais exprès pour les sentir davantage.
    Je ne me souviens plus maintenant de ce qu'elle me dit ni de ce que je lui répondis, je suis resté ainsi longtemps, perdu, suspendu, balancé dans ce battement de mon coeur ; chaque minute augmentait mon ivresse, à chaque moment quelque chose de plus m'entrait dans l'âme, tout mon corps frissonnait d'impatience, de désir, de joie ; j'étais grave, pourtant, plutôt sombre que gai, sérieux, absorbé comme dans quelque chose de divin et de suprême. Avec sa main elle me serrait la tête sur son coeur, mais légèrement, comme si elle eût eu peur de me l'écraser sur elle.
    Elle ôta sa manche par un mouvement d'épaules, sa robe se décrocha ; elle n'avait pas de corset, sa chemise baillait. C'était une de ces gorges splendides où l'on voudrait mourir étouffé dans l'amour. Assise sur mes genoux, elle avait une pose naïve d'enfant qui rêve, son beau profil se découpait en lignes pures ; un pli d'une courbe adorable, sous l'aisselle, faisait comme le sourire de son épaule ; son dos blanc se courbait un peu, d'une manière fatiguée, et sa robe affaissée retombait par le bas en larges plis sur le plancher ; elle levait les yeux au ciel et chantonnait dans ses dents un refrain triste et langoureux. Je touchai à son peigne, je l'ôtai, ses cheveux se déroulèrent comme une onde, et les longues mèches noires tressaillirent en tombant sur ses hanches. Je passai d'abord ma main dessus, et dedans, et dessous ; j'y plongeais le bras, je m'y baignais le visage, j'étais navré. Quelquefois, je prenais plaisir à les séparer en deux par derrière, et à les ramener par devant de manière à lui cacher les seins ; d'autres fois je les réunissais tous en réseau et je les tirais, pour voir sa tête renversée en arrière et son cou tendre en avant, elle se laissait faire comme une morte.
    Tout à coup elle se dégagea de moi, dépassa ses pieds de dedans sa robe, et sauta sur le lit avec la prestesse d'une chatte, le matelas s'enfonça sous ses pieds, le lit craqua, elle rejeta brusquement en arrière les rideaux et se coucha, elle me tendit les bras, elle me prit. Oh ! les draps même semblaient tout échauffés encore des caresses qui avaient passé là.
    Sa main douce et humide me parcourait le corps, elle me donnait des baisers sur la figure, sur la bouche, sur les yeux, chacune de ces caresses précipitées me faisait pâmer, elle s'étendait sur le dos et soupirait ; tantôt elle fermait les yeux à demi et me regardait avec une ironie voluptueuse, puis, s'appuyant sur le coude, se tournant sur le ventre, relevant ses talons en l'air, elle était pleine de mignardises charmantes, de mouvements raffinés et ingénus ; enfin, se livrant à moi avec abandon, elle leva les yeux au ciel et poussa un grand soupir qui lui souleva tout le corps... Sa peau chaude, frémissante, s'étendait sous moi et frissonnait ; des pieds à la tête je me sentais tout recouvert de volupté ; ma bouche collée à la sienne, nos doigts mêlés ensemble, bercés dans le même frisson, enlacés dans la même étreinte, respirant l'odeur de sa chevelure et le souffle de ses lèvres, je me sentis délicieusement mourir. Quelque temps encore je restai, béant, à savourer le battement de mon coeur et le dernier tressaillement de mes nerfs agités, puis il me sembla que tout s'éteignait et disparaissait.
    Mais elle, elle ne disait rien non plus ; immobile comme une statue de chair, ses cheveux noirs et abondants entouraient sa tête pâle, et ses bras dénoués reposaient étendus avec mollesse ; de temps à autre un mouvement compulsif lui secouait les genoux et les hanches ; sur sa poitrine, la place de mes baisers était rouge encore, un son rauque et lamentable sortait de sa gorge, comme lorsqu'on s'endort après avoir longtemps pleuré et sangloté. Tout à coup je l'entendis qui disait ceci : « Dans l'oubli de tes sens, si tu devenais mère », et puis je ne me souviens plus de ce qui suivit, elle croisa les jambes les unes sur les autres et se berça de côté et d'autre, comme si elle eût été dans un hamac.
    Elle ma passa sa main dans les cheveux, en se jouant, comme avec un enfant, et me demanda si j'avais eu une maîtresse ; je lui répondis que oui, et comme elle continuait, j'ajoutai qu'elle était belle et mariée. Elle me fit encore d'autres questions sur mon nom, sur ma vie, sur ma famille.
    - Et toi, lui dis-je, as tu aimé ?
    - Aimer ? non !
    Et elle fit un éclat de rire forcé qui me décontenança.
    Elle me demanda encore si la maîtresse que j'avais était belle, et après un silence, elle reprit :
    - Oh ! comme elle doit t'aimer ! Dis-moi ton nom, hein ! ton nom.
    A mon tour je voulus savoir le sien.
    - Marie, répondit-elle, mais j'en avais un autre, ce n'est pas comme cela qu'on m'appelait chez nous.
    Et puis, je ne sais plus, tout cela est parti c'est déjà si vieux ! Cependant, il y a certaines choses que je revois comme si c'était hier, sa chambre par exemple ; je revois le tapis du lit, usé au milieu, la couche d'acajou avec des ornements en cuivre et des rideaux de soie rouge moirés ; ils craquaient sous les doigts, les franges en étaient usées. Sur la cheminée, deux vases de fleurs artificielles ; au milieu, la pendule, dont le cadran était suspendu entre quatre colonnes d'albâtre. Ça et là, accrochée à la muraille, une vieille gravure entourée d'un cadre de bois noir et représentant des femmes au bain, des vendangeurs, des pêcheurs.
    Et elle ! elle ! quelquefois son souvenir me revient, si vif, si précis que tous les détails de sa figure m'apparaissent de nouveau, avec cette étonnante fidélité de mémoire que les rêves seuls nous donnent, quand nous revoyons avec leurs mêmes habits, leur même son de voix, nos vieux amis morts depuis des années, et que nous nous en épouvantons. Je me souviens bien qu'elle avait sur la lèvre inférieure, du côté gauche, un grain de beauté, qui paraissait dans un pli de la peau quand elle souriait ; elle n'était plus fraîche même, et le coin de sa bouche était serré d'une façon amère et fatiguée.
    Quand je fus prêt à m'en aller, elle me dit adieu.
    - Adieu !
    - Vous reverra-t-on ?
    - Peut-être !
    Et je sortis, l'air me ranima, je me trouvais tout changé, il me semblait qu'on devait s'apercevoir, sur mon visage, que je n'étais plus le même homme, je marchais légèrement, fièrement, content, libre, je n'avais plus rien à apprendre, plus rien à sentir, rien à désirer dans la vie. Je rentrai chez moi, une éternité était passée depuis que j'en étais sorti ; je montai à ma chambre et je m'assis sur mon lit, accablé de toute ma journée, qui pesait sur moi avec un poids incroyable. Il était peut-être 7 heures du soir, le soleil se couchait, le ciel était en feu, et l'horizon tout rouge flamboyait par-dessus les toits des maisons ; le jardin, déjà dans l'ombre, était plein de tristesse, des cercles jaunes et oranges tournaient dans le coin des murs, s'abaissaient et montaient dans les buissons, la terre était sèche et grise ; dans la rue quelques gens du peuple, aux bras de leurs femmes, chantaient en passant et allaient aux barrières.

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