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Discussion : Viols, maisons closes, misère sexuelle... 5 idées reçues sur la prostitution

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    juin 2014
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    A vrai dire l'abolitionnisme est une forme de paternalisme à l'ancienne.

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  1. #


    XXX1 Guest

    Par défaut Viols, maisons closes, misère sexuelle... 5 idées reçues sur la prostitution

    LE PLUS. La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a suscité de vives réactions en affirmant la volonté du gouvernement d'"abolir la prostitution".
    Cette proposition révèle de nombreux clichés liés à la prostitution en France et à son encadrement.
    Explications d'Hélène Assekour, responsable du réseau Osez le féminisme à Nancy et Marie-Charlotte Schuler, militante.


    Depuis que Najat Vallaud-Belkacem a affirmé la volonté du gouvernement d’abolir la prostitution, cette question s’est trouvée au centre du débat public, ce dont nous nous réjouissons.
    Cependant, le débat met en lumière de nombreux préjugés tenaces.









    1. La prostitution permet de lutter contre la "misère sexuelle"

    La prostitution serait indispensable à certaines personnes pour avoir des relations sexuelles. Les "clients" seraient donc des hommes en situation de "misère sexuelle", pour différentes raisons (âge, isolement, timidité, handicap, etc.). Plusieurs études sur les "clients" de la prostitution (Sven Axel Mansson, 1984 ; Julia O’Connell Davidson, 2001 ; Saïd Bouamama, 2004) contredisent ce préjugé. Il en ressort que les "clients" proviennent de tous milieux sociaux et ne sont pas de grands isolés.

    La notion de misère sexuelle repose sur le présupposé que l'acte sexuel serait un besoin naturel, au même titre que manger ou respirer. Or, 99% des "clients" sont des hommes. Les femmes n'auraient-elles pas ce besoin naturel ? Envisager le désir sexuel comme un besoin (qui ne concernerait que les hommes) relève bel et bien d'une construction sociale et d'un préjugé sexiste.

    Enfin, les études sur les "clients" nous apprennent que la majorité d'entre eux ne sont pas satisfaits des relations qu'ils ont avec les personnes prostituées. La prostitution n'est donc en aucun cas une réponse à la "misère sexuelle". Seule une véritable révolution sexuelle qui libérerait les sexualités des préjugés serait émancipatrice.








    2. La prostitution évite les viols

    "La prostitution diminue le viol !" Dire cela revient à se méprendre totalement sur les motivations d'un violeur. Le viol est un acte d'anéantissement, il exprime la volonté de dominer l'autre et de le détruire.

    En Suède, où la volonté politique a permis d’aboutir à une réelle politique abolitionniste, comprenant la pénalisation des clients, l’exploitation sexuelle a diminué. En revanche, le nombre de viols, lui, n’a pas augmenté. Car avec l’abolition, le message envoyé à tous les citoyens est aussi celui de l’indisponibilité du corps humain.

    À l'inverse, la prostitution encourage les pressions sexuelles à l'encontre de toutes les femmes. Comme le mentionne le rapport Bousquet-Geoffroy (rapport sur "La prostitution en France", de 2011), les femmes vivant dans les rues où la prostitution est fréquente, subissent des pressions de la part des clients. De même, dans les comtés du Nevada qui ont autorisé la prostitution, les taux de viol sont jusque de deux à cinq fois supérieurs aux autres comtés qui l’interdisent.

    Enfin, rappelons que les personnes prostituées sont parmi les premières victimes des agressions sexuelles. Au Canada et en Allemagne, le pourcentage de prostituées déclarant avoir été violées plus de cinq fois au cours de leur activité est de 67% et 50% (Ibid.). Femmes considérées de seconde zone, elles subissent de plein fouet la violence de la domination masculine.








    3. Les maisons closes, c'était le bon temps

    "Mais il faut rouvrir les maisons closes !" Une frange de la société se dit favorable à la réouverture des maisons closes. Les maisons closes reposent sur un système qui autorisait la prostitution, mais de façon encadrée. De fait, ce "système réglementariste" visait surtout à contrôler et réglementer les personnes prostituées. Beaucoup en ignorent les rouages.

    Le réglementarisme repose sur l'idée que la sexualité masculine est incontrôlable et, par voie de conséquence, la prostitution inévitable. Il s’agit d’un système liberticide. Au XIXe siècle, les prostituées sont privées de la plupart des libertés individuelles acquises en 1789. Elles ne peuvent sortir des maisons closes comme elles l'entendent, sont tenues de rester cachées à l’intérieur. Chaque semaine, un examen gynécologique leur est imposé à la chaîne.

    Le réglementarisme, à l’instar du système prostitueur qu’il reconnaît, repose sur l'exploitation économique des femmes. La première cause de prostitution est la misère. Les prostituées, une fois entrées dans les maisons closes, sont exploitées tout au long de leur vie. Elles sont endettées auprès de leurs tenanciers, ce qui les oblige à rester dans la prostitution. Le système réglementariste montre ses failles. Il constitue un appel d'air à la prostitution clandestine. Cette dernière ne cesse d'augmenter au détriment de la prostitution légale.

    Les maisons closes sont finalement fermées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sous l'impulsion de Marthe Richard. Elles existent encore dans certains pays d’Europe. Pourtant, hier comme aujourd'hui, le réglementarisme n'a pas amélioré les conditions de vie des personnes prostituées, qui restent stigmatisées, victimes de violence et particulièrement exposées aux infections sexuellement transmissibles. Certains États, comme les Pays-Bas, regrettent de plus en plus de s’être engagés dans cette voie.









    4. La prostitution est un métier comme un autre

    La prostitution serait un métier, et un métier "comme un autre", dont la pénibilité serait comparable à celle de métiers pénibles, comme caissière, ou femme de ménage.

    Pourtant, la prostitution reste une activité qu'on ne peut comparer à aucune profession. La violence du milieu prostitutionnel est extrême. Les personnes prostituées subissent de nombreux viols, agressions physiques, violences à la fois des "clients", des proxénètes, des riverains et même d'autres prostituées.

    Une étude canadienne établit que les personnes prostituées ont entre 60 et 120 fois plus de risques d'être battues ou assassinées que le reste de la population. Les personnes prostituées présentent de nombreux symptômes (syndrome de stress post-traumatique, dissociation corporelle, consommation d'alcool ou de drogue pour "tenir"...). Quelle profession engendre de telles séquelles pour qui la pratique ?

    Une profession requiert un apprentissage, et une valorisation de l’expérience. Or, aucune qualification n’est nécessaire pour la prostitution, et plus la personne acquiert de l’expérience, moins elle y est valorisée.

    Enfin, les combats pour l’émancipation des femmes ont porté sur la dissociation entre l’activité génératrice de revenu et la sexualité. Le délit de harcèlement sexuel s’inscrit dans ce processus. Comment appliquer le droit du travail à la prostitution puisque celle-ci pourrait tout à fait être qualifiée de harcèlement sexuel ininterrompu ?

    Non, ce n'est pas la même chose d'être payé(e) pour visser des boulons que d'être payé(e) pour des relations sexuelles sans désir. La loi française reconnaît cette différence de nature entre un acte sexuel et tout autre acte physique puisqu'elle condamne l'agression sexuelle et le viol différemment des autres atteintes aux personnes. Une profession qui ne ressemble à aucune autre profession, n’en est pas une, tout simplement.








    5. La prostitution, c'est la liberté sexuelle

    "La prostitution, c'est la liberté sexuelle", mais celle de qui ? Celle de la personne prostituée ? Contrainte par la nécessité financière à la prostitution, de quelle liberté sexuelle la personne prostituée dispose-t-elle ? La prostitution ne représente ni une liberté ni un droit, mais seulement un privilège masculin, celui d'imposer une sexualité unilatérale à autrui par le biais de l'argent.

    De plus, historiquement, la libération sexuelle (qui n'est toujours pas achevée...) est très récente alors que la prostitution est un phénomène ancien. Rappelons également que la prostitution s'est particulièrement développée au XIXe siècle, époque très puritaine. En effet, le recours à la prostitution est entretenu par une représentation très moralisante des sexualités : les hommes auraient des besoins sexuels irrépressibles.

    Quant aux femmes, elles seraient divisées en deux catégories : les femmes respectables (l'épouse, la maman), et les "putains", celles qui sont disponibles sexuellement, comme un client l'exprime : "Comme beaucoup d’hommes vous répondront, à part sa mère, les femmes c’est des objets de plaisir" (Bouamama, 2004). La prostitution est fondée sur cette inégalité femmes-hommes et une représentation des sexualités très puritaine, elle est à l'antithèse de la liberté sexuelle.

    L’idée de liberté individuelle ou de consentement masque les vrais enjeux et empêche tout questionnement de fond sur un problème social et politique, à envisager du point de vue de l’intérêt général.




    Cette tribune a été rédigée par Hélène Assekour et Marie-Charlotte Schuler.

    http://leplus.nouvelobs.com/contribu...stitution.html

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