C’est bien ma veine. Pour une fois que je traîne mes grolles à la nuit tombante dans la rue des plaisirs tarifés, Lily n’est pas là, en congé m’informera de très bonne grâce sa collègue, nullement vexée que je ne songe pas à elle comme une substitute possible. Et Daniela non plus n’y est pas, que j’avais tellement envie de revoir. Ni Irina, mais elle, cela fait des lustres qu’elle semble aux abonnées absentes. La Sylvia du Tunnel, itou. Ni Nina, mais ça, je devais m'y attendre. Aurélio, perdu, ne reconnaît plus personne .

Et très peu de petits bouts qui me bottent parmi les inconnues. Une ou deux frêles silhouettes seulement m’attirent, des petites minces au cul étroit comme je les aime (vieux dégoûtant, va !), notamment au 158, à la place de Nina. Je m’approche et m’éloigne aussitôt, le visage ne me disant rien qui vaille : un masque d’ennui dubitatif (peut-être l’exact reflet du mien ?) me dissuade de tenter l’expérience.

Et avec ça l’heure qui avance tandis que s’approche dangereusement celle du dernier train, sauf à envisager d’y passer la nuit - j’ai déjà donné il y a quelques annés, mais là, j’avoue, je m’encroûte, je m’embourgeoise .

Il me reste trois quarts d’heure grand max, même plus le temps de refaire sérieusement un tour de la rue si je ne veux pas rentrer bredouille. Or il se fait qu’une fille assez excitante de prime abord se trouve devant la porte du n° 30, en face de la gare. Pamela, comme elle me dira se prénommer, est assez dans mes critères de petites brunettes, mon avatar en moins jolie tout de même. Bon, assez tergiversé, ce sera elle !

Une fois les formalités des présentations sommairement accomplies, Pamela me conduit, situation inédite pour moi, à … l’étage. Eh oui, ce bar possède un étage point trop vilainement aménagé, ma foi. C’est même assez coquet, quoique l’alcôve où Pamela officie me semble tristement exigüe par rapport à sa voisine. Sans discuter, je lui file
50 €. Flairant peut-être la bonne aubaine, Pamela me propose une demie-heure avec service spécial si je veux. C’est quoi le service spécial, je demande. Car aussitôt je m’enflamme intérieurement : embrasse-t-elle, sodo, cunni, fell sans peut-être ? Que non point. Elle peut me donner des bisous sur le torse, me dit-elle, en me mimant cette spécialité vachement spéciale . Diantre, aurais-je l’air d’un pigeon tombé de la dernière pluie ? Je décline poliment une offre si alléchante , je me contenterai d’une session standard.

Je me dessape assez vite, comme la chaleur ambiante y invite d’ailleurs. Elle de même. Déception, ses seins s’effondrent comme des outres flasques une fois le soutif tombé . D’un autre côté, je serais de mauvais compte de lui en tenir rigueur, vu que je déteste le silicone aussi.

Je dois me coucher sur la banquette, paraît-il. Ok, je connais. Pamela se fait alors un devoir d’emballer une bite piteusement riquiqui avec un préso, manœuvre que j’ai en sainte horreur. Elle n’y arrive d’ailleurs pas du premier coup, la limace se racrapotant, se rétractant, résistant. Comment ensuite sucer le petit appendice dont la dimension est proportionnelle à une absence totale d’enthousiasme ? Pour aider, je me relève. Elle me suce alors moi debout, elle assise sur la banquette. Mécaniquement, le membre gonfle et s’allonge sous la pression des lèvres, bon petit soldat qui ne veut pas ridiculiser davantage le commandant en chef. Dire par contre qu’il est au septième ciel, ce serait aller vite en besogne . Une ou deux minutes pour le mettre dans une forme acceptable, missionnaire ensuite. Mais l’étroitesse de la banquette adossée au mur empêche Pamela d’ouvrir convenablement les jambes, qui font dès lors obstacle à une pénétration profonde . C’est, pour le sabreur, inconfortable et décevant au possible. Levrette par conséquent. Ce n’est point trop mauvais, comme il est souvent plaisant de ramoner, mais le reste du corps et l’esprit s’emm… en baisant vu l’absence totale de courant qui passe ; ce n’est rien de plus qu’animal, et cela ne me suffit pas. Aussi y vais-je franchement afin de terminer cette parodie de coït et m’éviter l’affront ultime du rappel au temps.

Voilà. C’est tout. Expérience très mitigée au final, donc. Quand on connaît Lily ou Nina, ce genre de sessions mornes ne peut plus vous satisfaire.