La Britannique Monica Garnsey (il s'agit d'un reportage Channel 4) a passé deux semaines dans un hôtel - lui aussi britannique - de l'eden tropical de l'isla Margarita, au Venezuela. Paradisiaque ? Ca dépend pour qui. Parce que l'hôtel où elle a planté sa caméra a des allures d'enfer pour bien des employées. Là-bas, le forfait client comprend la chambre, la pension complète, et la prostituée. Enfin, les prostituées, au pluriel, puisque les vacanciers peuvent changer de fille comme de maillot. Passer la soirée avec l'une, se réveiller avec l'autre, et parfois même - privilège des gros payeurs - dormir avec deux "petites amies" à la fois.

Le gros Bob
Celles-ci sont payées 80 dollars par journée passée avec un homme. Rien si elles ne sont pas choisies. Elles doivent effectivement se plier au rituel du "casting" (encore un terme cache-misère), où on les reluque avant de désigner la plus appétissante de l'étalage. Si certains touristes (majoritairement des Américains) jugent sur pièces, d'autres préfèrent réserver leur fille à l'avance.
Le "gros Bob" - comme on le surnomme -, lui, veut évaluer la marchandise en face à face avant de faire son choix. Bob est un touriste canadien absolument immonde et grossier. Mais les filles applaudissent quand même celle qu'il choisit pour la soirée. "Il nous faut des filles qui puissent être à l'aise avec un type de 30 ans de plus qu'elles", admet le tenancier de l'établissement, "en nette surcharge pondérale, et avec de mauvaises habitudes".

Le vaudou pour punir
A l'aise et désinhibées, puisque les hommes ne sont pas là uniquement pour conter fleurette à ces latina, mais bien pour coucher avec elles. Une telle raconte qu'elle a peur qu'un client lui casse le cou tant il lui impose des positions acrobatiques, une autre se plaint des verrues génitales qu'elle a vues chez son "petit ami"... La "surveillante" est intraitable : on fait son job ou on s'en va.
Les filles restent. Elles ont besoin d'argent. Pour payer les études qu'elles voudraient entreprendre, pour entretenir leur famille - certaines ont des enfants. Elles restent, malgré le désespoir qui se lit sur leurs visages. Elles continuent à danser, à sourire, à enfiler des microshorts et des hauts riquiqui qui plaisent tant au gros Bob - qui se met en colère quand son élue a ses règles -, à l'autre, celui qui est violent...
Pour supporter cette vie, les prostituées inclues dans le All in se trouvent des échappatoires. Le truc de cette jolie petite blonde peroxydée, c'est le vaudou. Elle a construit un petit autel avec les moyens du bord, et s'emploie à y punir ceux qui l'ont brutalisée.
"Petites amies à louer" est un film choquant. À ne surtout pas mettre devant toutes les paires d'yeux et d'oreilles. Difficile d'en penser autre chose : quand on éteint la télévision, on a un goût de vomi en bouche. Il a au moins le mérite de lever un coin du voile sur la perversité d'un système où l'on case les putes dans des chambres climatisées, pour mieux les exploiter. Exploitation dont personne n'a l'air de se formaliser.

Et pendant ce temps, la télé de l'hôtel diffuse en fond sonore les vociférations d'Hugo Chavez contre le capitalisme.

Source : www.lalibre.be




if(jQuery.isFunction(window.loadComments)) { loadComments("llb"); }